Title : Quand le langage agonise et tue !
Category : Réflexions
Contents : Pour méditer autour du langage utilisé, au jour d'aujourd'hui, par les hommes politiques, au Maroc, en passant par celui employé aussi bien par le chef du gouvernement que par le restant des ministres constituant la majorité gouvernante, ainsi que par les nouveaux chefs de file des partis politiques en vogue, aussi bien de 'droite' que de 'gauche', nous ne pouvons que constater une sorte de descente aux enfers, un certain déficit langagier déplorable et extrêmement dangereux.
En une année, au pouvoir exécutif, tout un langage s'est vu prendre une grande surface au niveau de la communication publique.
Tout un artéfact lexicographique est en train de meubler les discours, qui étaient, jusqu'à un passé récent, une langue de bois : démagogique, toute simple, est devenue, du jour au lendemain, comme par enchantement, autre chose, de si grave. Ce qui fait dire aux marocains :
C'est dans ce cadre que nous trouvons légitime de citer un des grands penseurs français du XXème siècle : Roland Barthes, dans son ouvrage ** Le Plaisir du texte**, aux éditions du Seuil, 1973, p.p. 46/47 :
"(...) Chaque fiction est soutenue par un parler social, un sociolecte, auquel elle s'identifie : la fiction, c'est ce degré de consistance où atteint un langage lorsqu'il a exceptionnellement pris et trouve une classe sacerdotale (prêtres, intellectuels, artistes) pour le parler communément et le diffuser.
"... Chaque peuple a au-dessus de lui un tel ciel de concepts mathématiquement répartis, et, sous l'exigence de la vérité, il entend désormais que tout dieu conceptuel ne soit cherché nulle part ailleurs que dans sa sphère" (Nietzsche) : nous sommes tous pris dans la vérité des langages, c'est à dire dans leur régionalité, entraînés dans la formidable rivalité qui règle leur voisinage. Car chaque parler (chaque fiction) combat pour l'hégémonie, s'il a le pouvoir pour lui, il s'étend partout dans le courant et le quotidien de la vie sociale, il devient doxa, nature : c'est le parler prétendument apolitique des hommes politiques, des agents de l'État, c'est celui de la presse, de la radio, de la télévision, c'est celui de la conversation, mais même hors du pouvoir, contre lui, la rivalité renaît, les parlers se fractionnent, luttent entre eux. Une impitoyable topique règle la vie du langage, le langage vient toujours de quelque lieu, il est topos guerrier."
Ceci dit, on ne peut être plus clair, il n'y a plus qu'un pas pour arriver au langage populiste, lequel est quasiment devenu, pour certains, le moyen - à la mode - pour prêcher la Vérité, enfin, leur vérité et la prônent sur la scène politique partisane et nationale .
On n'a pas à les nommer. Il s'y reconnaîtront d'eux-mêmes et tous les marocains les connaissent.
Nous n'avons pas, non plus, ni à les approuver ou à les désapprouver, ni à les blâmer à outrance, ce n'est point là notre objectif.
Notre but est, surtout, de retracer - en témoins - la fin d'une époque glorieuse de notre - nation - au niveau du langage qui, comme la langue, véhiculait une vraie culture.
Or, aujourd'hui, ce langage ne véhicule que le ridicule, le faux, en plus de la langue de bois.
Naguère, on parlait bien, parce qu'on avait une petite tête, mais bien pleine. On savait bien écouter, car on prêtait au taux d'écoute l'intérêt qu'il fallait, afin de savoir et de mieux connaître.
Il y avait, certainement, cette déontologie de la parole et de l'écoute, cette bienséance nécessaire à toute bonne communication, dans le respect et le respect mutuel, mais cela se devait à la bonne éducation- qui- malheureusement, fait monnaie rare, et fait beaucoup défaut à notre société, ces derniers temps.
On peut toujours aller loin, dans ce débat. ( à suivre ).
Abdelmalek Aghzaf , le 01/01/2013 à Fès.
Created : 2013-01-05 11:29:19
Edited : 2013-01-05 14:01:55
Category : Réflexions
Contents : Pour méditer autour du langage utilisé, au jour d'aujourd'hui, par les hommes politiques, au Maroc, en passant par celui employé aussi bien par le chef du gouvernement que par le restant des ministres constituant la majorité gouvernante, ainsi que par les nouveaux chefs de file des partis politiques en vogue, aussi bien de 'droite' que de 'gauche', nous ne pouvons que constater une sorte de descente aux enfers, un certain déficit langagier déplorable et extrêmement dangereux.
En une année, au pouvoir exécutif, tout un langage s'est vu prendre une grande surface au niveau de la communication publique.
Tout un artéfact lexicographique est en train de meubler les discours, qui étaient, jusqu'à un passé récent, une langue de bois : démagogique, toute simple, est devenue, du jour au lendemain, comme par enchantement, autre chose, de si grave. Ce qui fait dire aux marocains :
C'est dans ce cadre que nous trouvons légitime de citer un des grands penseurs français du XXème siècle : Roland Barthes, dans son ouvrage ** Le Plaisir du texte**, aux éditions du Seuil, 1973, p.p. 46/47 :
"(...) Chaque fiction est soutenue par un parler social, un sociolecte, auquel elle s'identifie : la fiction, c'est ce degré de consistance où atteint un langage lorsqu'il a exceptionnellement pris et trouve une classe sacerdotale (prêtres, intellectuels, artistes) pour le parler communément et le diffuser.
"... Chaque peuple a au-dessus de lui un tel ciel de concepts mathématiquement répartis, et, sous l'exigence de la vérité, il entend désormais que tout dieu conceptuel ne soit cherché nulle part ailleurs que dans sa sphère" (Nietzsche) : nous sommes tous pris dans la vérité des langages, c'est à dire dans leur régionalité, entraînés dans la formidable rivalité qui règle leur voisinage. Car chaque parler (chaque fiction) combat pour l'hégémonie, s'il a le pouvoir pour lui, il s'étend partout dans le courant et le quotidien de la vie sociale, il devient doxa, nature : c'est le parler prétendument apolitique des hommes politiques, des agents de l'État, c'est celui de la presse, de la radio, de la télévision, c'est celui de la conversation, mais même hors du pouvoir, contre lui, la rivalité renaît, les parlers se fractionnent, luttent entre eux. Une impitoyable topique règle la vie du langage, le langage vient toujours de quelque lieu, il est topos guerrier."
Ceci dit, on ne peut être plus clair, il n'y a plus qu'un pas pour arriver au langage populiste, lequel est quasiment devenu, pour certains, le moyen - à la mode - pour prêcher la Vérité, enfin, leur vérité et la prônent sur la scène politique partisane et nationale .
On n'a pas à les nommer. Il s'y reconnaîtront d'eux-mêmes et tous les marocains les connaissent.
Nous n'avons pas, non plus, ni à les approuver ou à les désapprouver, ni à les blâmer à outrance, ce n'est point là notre objectif.
Notre but est, surtout, de retracer - en témoins - la fin d'une époque glorieuse de notre - nation - au niveau du langage qui, comme la langue, véhiculait une vraie culture.
Or, aujourd'hui, ce langage ne véhicule que le ridicule, le faux, en plus de la langue de bois.
Naguère, on parlait bien, parce qu'on avait une petite tête, mais bien pleine. On savait bien écouter, car on prêtait au taux d'écoute l'intérêt qu'il fallait, afin de savoir et de mieux connaître.
Il y avait, certainement, cette déontologie de la parole et de l'écoute, cette bienséance nécessaire à toute bonne communication, dans le respect et le respect mutuel, mais cela se devait à la bonne éducation- qui- malheureusement, fait monnaie rare, et fait beaucoup défaut à notre société, ces derniers temps.
On peut toujours aller loin, dans ce débat. ( à suivre ).
Abdelmalek Aghzaf , le 01/01/2013 à Fès.
Created : 2013-01-05 11:29:19
Edited : 2013-01-05 14:01:55
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire